• C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé la plume de cette auteure que j’apprécie beaucoup. Et, sans grand suspens, j’ai une fois de plus été totalement conquise par ses mots et son histoire !

    Nos âmes jumelles, de Samantha BaillyEn fait, si ce roman m’a tant plu, c’est tout simplement que je me suis retrouvée dans les deux héroïnes. Peut-être un peu plus dans Lou, je dois bien l’avouer, mais aussi par certains aspects dans Sonia, notamment au travers de son amour pour l’écriture. Ces deux adolescentes sont criantes de vérité, au point que l’on se croirait presque dans une forme de roman autobiographique, malgré la présence de la troisième personne. J’ai eu l’impression de revenir des années en arrière, à mes années lycées, avec mes craintes, mes espoirs et mes rêves. Je me suis sentie nostalgique tout au long de ma lecture. Pour être tout à fait honnête avec vous, je me suis énormément attachée à Lou car j’ai rencontré les mêmes épreuves qu’elle, toutes, sans exception. Et puis, quelle belle amitié entre ces deux là ! Elle se fait le plus naturellement du monde, sans fioritures et sans extravagances. Qui n’a jamais rêvé de rencontrer son âme soeur ? On ne peut qu’envier l’alchimie entre les deux jeunes femmes, cette amitié inébranlable qui tire l’une et l’autre vers le haut.

     

    Mais, ce n’est pas tout. Le style de ce roman est lui aussi enchanteur. Pourquoi ? Parce qu’il est original et bien pensé. On ne s’ennuie pas une seule seconde et pourtant on suit les deux adolescentes sur une année entière grâce à un découpage astucieux des chapitres. L’insertion de dialogues sous forme de sms, de message facebook ou sur un forum est une idée que l’auteure avait déjà utilisé dans son roman Les Stagiaires (que je vous conseille !) me plaît toujours autant car elle donne une dynamique intéressante à l’ouvrage. Et le petit plus, c’est sans doute les paroles des jeunes femmes devenues adultes à chaque fois que l’auteure change de point de vue. Car, dans ce roman, on suit en parallèle l’histoire de Sonia et celle de Lou. Ces deux histoires se rencontrent puis se séparent pour mieux se retrouver. Dès le début du roman, au travers de ces paroles, on comprend que l’on va découvrir la naissance de cette amitié qui va tout changer. L’auteure aborde des thèmes déicats comme le divorce et les rapports enfants/parents, mais également le harcèlement scolaire et d’autres avec beaucoup de justesse. De fait, la beauté de ce roman réside dans le fait qu’à travers ses deux héroïnes, Samantha Bailly nous invite à nous dépasser et suivre nos rêves, à ne jamais renoncer. L’écriture fluide, parfois poétique, ne peut que charmer le lecteur. On ne lit pas ce roman, on le dévore. C’est une petite bouffée d’oxygène. Et c’est pour cette raison que j’ai achevé ce roman avec un large sourire aux lèvres et une forte envie de découvrir l’avenir de Lou et Sonia, chose tout à fait possible puisque la suite et déjà en librairie !

    Je sais donc ce qu’il me reste à faire : lire la suite le plus vite possible ! Et de votre côté, je vous encourage vivement à lire ce premier tome et à découvrir cette auteure si ce n’est pas déjà fait.


  • Angleterre. Milieu du 19ème. A la mort de ses parents, Jane est recueillie par son oncle Reed, le frère de sa mère. Lorsqu'il meurt, Jane est confrontée à la haine de sa tante qui décide de l'envoyer alors à peine âgée de 10 ans à Lowood, une école de charité dirigée par l'implacable Brocklehurst réputé pour son extrême rigueur. Après huit ans de privations passés à Lowood, Jane Eyre passe une annonce et trouve une place de gouvernante chez Edward Rochester, le propriétaire de Thornfield-Hall.

     

    Superbe roman ! J'en exprime plus dans le site spécial que j'ai réalisé.


  • La 4ème de couverture m'a donnée l'envie de lire ce livre pour la simple et bonne raison qu'une comparaison avec le chef-d'oeuvre de JD Salinger (que j'adore) y était faite. Bien sûr, il faut toujours se méfier de ce genre de choses mais je n'ai pas pu résisté.

    Au final, ce roman s'avère assez éloigné de "L'Attraoe-coeurs" mais n'en est pas moins une lecture fort agréable. Je ne connaissais absolument pas Alice Hoffman mais je suis ravie d'avoir fait la connaissance de son style. Ce roman est un admirable petit mélange entre émotion, tendresse et drôlerie. La vie sera loin d'être douce pour Gretel, le personnage principal de ce roman, à qui on s'attache très vite. Néanmoins, le dramatisation n'est jamais accentuée, tout est décrit avec une pudeur extrêmement délicate, comme pour mieux enjoliver les émotions et sentiments.

    Le tout est tout de même loin d'être particulièrement réjouissant, l'existence de Gretel et de son entourage est douce amère voire parfois tragique. Le narrateur (qui est parfois Gretel) porte un regard très réaliste et jamais exagéré sur les évènements qui jalonnent son existence de fillette, d'adolescente puis de jeune femme. J'ai abordé ce livre comme un roman mais il s'agirait plutôt en fait d'un recueil de petites histoires, d'anecdotes qui se suffisent à elles-mêmes mais qui forment néanmoins un tout.


    Un petit roman sans grande ambition qui reste cependant une lecture plus qu'honnête, avec notamment d'excellents petits passages sur la vision existentielle de Gretel.


  • En 1983, Hugo Claus faisait paraître à Amsterdam, chez De Bezige Bij, son formidable roman Het verdriet van België (dont la traduction française, Le Chagrin des Belges, a été publiée en 1985 à Paris chez Julliard, puis en version de poche en 2003 aux Éditions du Seuil, dans la collection "Points" où elle est toujours disponible).

    C’était – et cela demeure plus que jamais – un gigantesque pavé dans la mare de la conscience collective flamande contemporaine, nourrie des mythes d’une Flandre exclusivement travailleuse, tenace et honnête du fait de ses convictions religieuses bien assises, et atteinte d’un profond complexe face à la langue et à la culture françaises, qui n’est d’ailleurs pas près de s’éteindre et lui fait aujourd’hui avaler les couleuvres d’une prétendue oppression wallonne ou hexagonale depuis 1830, justifiant l’émergence d’un nationalisme sourcilleux, idéaliste et qui aurait cherché, au milieu des tempêtes de l’histoire, à préserver les intérêts moraux et sociaux de son peuple affligé.

    Or, voilà que le plus grand écrivain du Plat Pays – mais ses compatriotes ne faisaient alors que pressentir l’étendue de son talent et la force de son œuvre – opérait une salvatrice remise en cause de l’image d’Épinal que les Flamands brandissaient à leur propre usage, en rappelant combien ils pouvaient être et avaient été filochards et filous, en particulier durant la Seconde Guerre mondiale, en ce compris les nonnes et les prêtres... Marché noir, collaboration, rapprochement « sexuel » avec l’occupant, délation, tout y passe… et démontre la très large absence d’idéaux élevés au profit d’un matérialisme bien terre-à-terre et à travers d’innombrables et discutables arrangements entre amis. Inutile de préciser quel accueil lui fut réservé par l’establishment flamand, depuis longtemps investi dans les luttes tribales belgo-belges.

    Mais Hugo Claus n’en avait cure, il persista et signa, puis développa une œuvre qui aurait dû lui valoir le prix Nobel de littérature. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il a décidé voici peu de temps et comme la loi l’y autorise, de refuser la déchéance physique et mentale en réclamant – et en obtenant – l’euthanasie active, ultime pied de nez à l’archevêché de Malines… Par la force de son caractère, par la puissance de son talent, par la profondeur de ses idées, par la finesse de son ironie et par ses qualités de styliste ayant élevé la langue de Vondel à la hauteur de celle de Voltaire, il est l’honneur des lettres flamandes de Belgique.

    Hugo CLAUS, Le Chagrin des Belges, Paris, Éditions du Seuil, 2003, collection “Points”, 848 pp, 11 €


  • Ni nouvelle ni roman, « La paix du ménage » est un court récit d’une soixantaine de pages qui à défaut d’être passionnant se laisse lire avec plaisir.
     
    On y assiste à un bal donné chez le comte de Gondreville, héros bien malheureux d’un dramelet attachant où il assiste aux tentatives de séductions des uns et des autres sur une jeune et jolie jeune femme qui s’avèrera être…la sienne, bien entendu.
     
     
    Ca fuse, ça rit, ça danse, il y a des lumières et des paillettes et…euh, attendez : on est bien chez Balzac ? Eh oui, mais un Balzac bien différent, et bien plus jeune : en 1829 il n’a que trente ans ; pour le peu que je m’en souvienne il me semble que « La paix du ménage » soit le plus ancien texte qu’il ait inséré dans la Comédie Humaine , écrit à une époque où notre ami Honoré n’avait pas encore envisagé son cycle colossal. Le moins qu’on puisse est que cela se sent. C’est un tout autre visage de Balzac qu’on découvre. Le Balzac qu’on connaît le plus, c’est le Balzac à la Spielberg : débauche de moyens, kyrielle de personnages, décors impressionnants…ici le lecteur sera confronté à un Balzac beaucoup plus épuré, tant dans l’écriture (sèche, nette) que dans ce contenu relativement intimiste, avec très peu de personnages et un quasi huit clos. Les descriptions sont donc beaucoup plus ramassées et moins denses ; les personnages se révèlent principalement par leurs actes ou leurs paroles (régulièrement en contradiction)…
     
     
    Au final on ne peut que relever des facilités : une histoire du diamant littéralement plagiée à Dufresny, des caractères toujours aussi profonds mais simplement esquissés, un lieu unique dont on a l’impression qu’il a été adopté pour éviter de se compliquer la vie…et pourtant, c’est bien. Ou disons : c’est pas mal. C’aurait pu même aboutir à un excellent roman si Balzac s’était donné la peine de le travailler plus. Alors bien sûr « La paix du ménage » n’a rien d’un texte mémorable, mais on lit tellement pire toute l’année…